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Cette statue représente une Koré grecque

 

J'en étais resté à mon cri de douleur sur mon lit d'hôpital dans le service de neurologie. Dans ce lieu, j'ai pris la souffrance humaine en pleine figure. Cétait la première fois que, sorti de mon cocon douillet, j'ai cotoyé la vraie douleur, la souffrance, l'incompréhensible. Comment, moi homme de quarante ans, découvrir que dans certains lieux des hommes et des femmes souffrent. Voir que l'esprit peut amener la souffrance, que le corps peut exprimer cette souffrance. Comment ignorer cela. Et pourtant que d'amour dans les yeux, un partage de cette soufrance, y compris avec le corps médical.

Ce séjour m'a marqué à jamais non par la difficulté de ce que je voyais, mais par, avec du recul, une certaine relativisation de ses propres maux. Je suis resté une quinzaine de jours dans ce service et plusieurs traitements ont été tenté . Je crois même avoir touché à un certain moment à la toxine botulique. Toute cette période reste floue dans ma mémoire, seuls des flashs me reviennent et je ne peux pas y mettre de cohérence.

 

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Je reviens de Pontchaillou guère plus rassuré, bien sûr j'ai eu tous les examens possibles, bilan général et à priopri rien d'anormal au niveau mécanique ormis ce torticolis. Un traitement à l'Artane et quelques anxiolitiques. Ce traitement à l'Artane me gène car je ressens comme une faiblesse physique du côté droit, révélé surtout à la marche. Quelques jours passent et en pleine nuit, je suis pris de tremblements - angoisse - réaction au médicament - volonté de trouver une solution et me revoilà parti pour Pontchaillou. ( Ne serait-ce pas pour fuir mon milieu ? ). Je reste huit jours supplémentaires mais me décide à rentrer chez moi. ( mon entourage ne comprend pas ces démarches ) . Et la vie continue, mal, mais elle continue. Physiquement, je suis très éprouvé, moralement c'est le néant, psychologiquement c'est la fournaise dans ma tête. Impossible de me concentrer, ce torticolis me disperse, d'où aucune efficacité et une peur intérieure.

 

En mars 1991, je retourne voir mon médecin de Bonchamp, et lui exprime à nouveau mon inquiétude. Il sort un dossier transmis par l'hôpital de Rennes et me dit peu de chose. Or sur un des courriers que je lui demande de consulter, courrier datant de plusieurs mois, il est noté par le Dr PINEL que dans ce genre de pathologie la consultation d'un psychiatre pourrait-être bénéfique.

 

.................Pourquoi, Docteur LEVELLEUX ne m'en avez-vous jamais parlé. Pourquoi ? Pourquoi ? .......................*

 

*( un commentaire de quelqu'un qui vous connaît bien m'a rapporté cette phrase suivante )

- de toute façon GADBOIS, dans deux ou trois mois ses problêmes seront terminés (1991)

Dès que j'ai l'information, il prend rendez-vous avec un psychiatre qu'il connaît bien

- Vous n'aurez pas de problèmes tout se passera bien.

 

 

Je vais à ce rendez-vous que j'appréhende un peu. C'est la première fois que je consulte un spécialiste entouré d'autant de mystère. " LE PSYCHIATRE "

Je lui exprime mes problèmes et à la fin de l'entretien, de un quart d'heure, il me dit :

- vous savez c'est un tic nerveux . C'est 205.00 frs SVP.

Je ressors du cabinet pas plus avancé, pas plus informé, sans traitement particulier. Qu'est-ce que c'est que ce boulot. Et ce PSYCHIATRE me reverra dans son service à l'hôpital de LAVAL 3 mois après suite à une syncope. Ma femme et mon frère deuxième décide donc de cette hospitalisation - cure de sommeil - repos - c'est l'épuisement total.

 

Fallait-il attendre celà messieurs les spécialistes ès sciences ?

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Après la cure de sommeil, il est décidé que j'aille me reposer à la clinique de Notre Dame de PRITZ à Changé.  J'étais en pleine dépression . Mon séjour dans cette clinique que pouurais-je en dire ?

  • Une petite unité de soins prôche de ses patients

  • Un confort matériel et médical certain

  • Un suivi psychiatrique sérieux.

 

Mais un monde irréel !

 

où tout semble facile après s'être adapté au lieu et à la vue des autres souffrances. Dans cet endroit, comme sans doute dans beaucoup d'autres, on évolue dans un monde sans obstacle, convivial, sans heurts, sans véritable contradiction , sous l'emprise de médicaments qui gomment nos difficultés. Mais quelques fois , il faut en passer par là. Avant ma maladie, je passais très souvent devant cette clinique qui se situe près du Golf et je me posais des questions, moi bien portant, sur ce qu'on pouvais y faire et puis de toute façon avec la force mentale que j'ai,  ce n'étais pas un endroit pour moi. J'étais trop fort. Pensez donc, de mémoire d'arrière-grands-mères, personne dans la famille n'a connu ce genre de problème.

 

Je suis resté quelques mois dans cet univers, un peu coupé de ma famille volontairement ou involontairement car au bout de quelques jours je pouvais sortir. Or pendant cette période, j'ai oublié que j'étais chef de famille, que j'avais trois enfants qui pouvaient m'attendre et sauf à de courtes périodes, je rentrais à Bonchamp, mais c'était pour revenir dans ce monde protégé. Mon torticolis était toujours présent, mais la facilité apparente de la vie me permettait de supporter cette douleur et j'évoluais dans un monde tellement chaleureux.

Tant et si bien qu'un jour de visite de mon épouse et de ma fille deuxième, j'ai dit à ma femme que je ne voulais plus la voir ici. Pourquoi cette phrase ?

Elle a changé le cours de ma vie car, prise au sérieux, la coupure était entamée.

 

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---- Le traitement ou plutôt, la manière d'aborder ce handicap.  ----

 

   
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