Actualité Mayenne



Édition du mardi 20 mars 2007


: Archives Ouest-France

 

 

Séché, le petit Poucet devenu mastodonte

Le spécialiste du traitement des déchets est sur le point de racheter la Saur, troisième groupe français du marché de l'eau.
Il y avait les Besnier, il faudra désormais compter avec les Séché. En une journée, Joël Séché est passé du statut de chef d'entreprise qui compte à celui de capitaine d'industrie. Hier, le groupe de Changé, spécialisé dans le traitement des déchets, a confirmé l'ouverture d'une « négociation exclusive » pour le rachat de la Saur, le troisième acteur français sur le marché du traitement et de la distribution de l'eau (lire en page 6).

Si le rachat se confirme, comme c'est probable, le nouveau groupe emploiera 13 600 salariés et pèsera près d'1,8 milliard de chiffre d'affaires cumulé. Le petit Poucet est sur le point de devenir un mastodonte.

Visionnaire

« Et dire qu'il y a vingt ans Séché n'était rien, observe, admiratif le président de l'association des maires de la Mayenne, Norbert Bouvet. J'ai connu Joël Séché remplaçant son père dans la petite entreprise familiale de travaux publics. » C'était en 1981. Joël Séché, alliage trempé « de rigueur et de convivialité » ne portait pas encore le costume. Tutoiement facile, l'allure bonhomme, avec ses employés comme avec le visiteur, le Craonnais était déjà un visionnaire.

En 1985, il décide de recentrer son activité vers le traitement des déchets. « Le boulot était mal fait, l'environnement pas respecté, il y avait vraiment des places à prendre dans ce secteur », racontait-il à Ouest-France en mai 2005. Deux décennies plus tard, son groupe est devenu un acteur majeur. Innovant : à Changé, un parc arboré de 300 hectares recouvre des tonnes de déchets, les espèces protégées y pullulent.

Conquérant aussi : en 2001, Séché rachète Alcor, filiale environnement de la Caisse des dépôts ; en 2002, il avale Tredi, entreprise spécialisée dans les déchets industriels, qui s'est récemment illustrée en traitant les déchets toxiques d'Abidjan.

C'est aujourd'hui la Saur qui s'apprête à tomber dans l'escarcelle. « Une belle réussite, celle d'un homme de caractère, le succès du travail et de l'intelligence », salue Jean Arthuis. « Une fierté. Cela montre la vigueur du tissu « entrepreneurial » de l'agglomération lavalloise », renchérit François d'Aubert.

Même son de cloche du côté des députés Yannick Favennec et Marc Bernier, prompts à saluer l'intervention de l'État, via la Caisse des dépôts. Alliée à Séché, celle-ci souffle la Saur à un fonds de pension australien, qui était aussi sur les rails. « C'est ce qu'on appelle du « patriotisme économique », se félicite Yannick Favennec.


Arnaud BÉLIER.

À la tête d'une petite entreprise familiale il y a vingt ans, Joël Séché, 52 ans, est aujourd'hui un acteur de poids dans les métiers du traitement des déchets et de l'eau.

Ouest-France

Retour Bulletins