Séché, le petit Poucet devenu mastodonte
Le spécialiste du traitement des déchets est sur le point
de racheter la Saur, troisième groupe français du marché
de l'eau.
Il y avait les Besnier, il faudra désormais compter avec les Séché.
En une journée, Joël Séché est passé
du statut de chef d'entreprise qui compte à celui de capitaine
d'industrie. Hier, le groupe de Changé, spécialisé
dans le traitement des déchets, a confirmé l'ouverture d'une
« négociation exclusive » pour le rachat de la Saur,
le troisième acteur français sur le marché du traitement
et de la distribution de l'eau (lire en page 6).
Si le rachat se confirme, comme c'est probable, le nouveau groupe emploiera
13 600 salariés et pèsera près d'1,8 milliard de
chiffre d'affaires cumulé. Le petit Poucet est sur le point de
devenir un mastodonte.
Visionnaire
« Et dire qu'il y a vingt ans Séché n'était
rien, observe, admiratif le président de l'association des maires
de la Mayenne, Norbert Bouvet. J'ai connu Joël Séché
remplaçant son père dans la petite entreprise familiale
de travaux publics. » C'était en 1981. Joël Séché,
alliage trempé « de rigueur et de convivialité »
ne portait pas encore le costume. Tutoiement facile, l'allure bonhomme,
avec ses employés comme avec le visiteur, le Craonnais était
déjà un visionnaire.
En 1985, il décide de recentrer son activité vers le traitement
des déchets. « Le boulot était mal fait, l'environnement
pas respecté, il y avait vraiment des places à prendre dans
ce secteur », racontait-il à Ouest-France en mai 2005. Deux
décennies plus tard, son groupe est devenu un acteur majeur. Innovant
: à Changé, un parc arboré de 300 hectares recouvre
des tonnes de déchets, les espèces protégées
y pullulent.
Conquérant aussi : en 2001, Séché rachète
Alcor, filiale environnement de la Caisse des dépôts ; en
2002, il avale Tredi, entreprise spécialisée dans les déchets
industriels, qui s'est récemment illustrée en traitant les
déchets toxiques d'Abidjan.
C'est aujourd'hui la Saur qui s'apprête à tomber dans l'escarcelle.
« Une belle réussite, celle d'un homme de caractère,
le succès du travail et de l'intelligence », salue Jean Arthuis.
« Une fierté. Cela montre la vigueur du tissu « entrepreneurial
» de l'agglomération lavalloise », renchérit
François d'Aubert.
Même son de cloche du côté des députés
Yannick Favennec et Marc Bernier, prompts à saluer l'intervention
de l'État, via la Caisse des dépôts. Alliée
à Séché, celle-ci souffle la Saur à un fonds
de pension australien, qui était aussi sur les rails. « C'est
ce qu'on appelle du « patriotisme économique », se
félicite Yannick Favennec.
Arnaud BÉLIER.
À la tête d'une petite entreprise familiale il y a vingt
ans, Joël Séché, 52 ans, est aujourd'hui un acteur
de poids dans les métiers du traitement des déchets et de
l'eau.
Ouest-France |