lundi 20
janvier 2003, 19h21
Mattei
annonce une "grande réforme" de la Sécurité
sociale
PARIS (AFP) - Le ministre
de la Santé Jean-François Mattei souhaite lancer dès
l'automne 2003 "une grande réforme" de la Sécurité
sociale, dont les dépenses consacrées à la santé en
2002 devraient augmenter deux fois plus que prévu, selon
des chiffres provisoires publiés lundi par la Caisse
nationale d'assurance maladie (Cnam).
Selon la Cnam, les dépenses
maladie de la Sécurité sociale (tous régimes confondus)
ont fait un bond compris entre 7,2 % et 7,3 % en 2002,
alors que l'objectif national de dépenses (Ondam) voté
par le Parlement était de 3,8 %.
Dans ce contexte, M.
Mattei, qui souhaiterait que l'augmentation de ces dépenses
en 2003 ne dépasse pas l'Ondam (5,3 %), annonce pour cet
automne "une grande réforme" de la Sécu.
"Le prochain projet
de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS)
s'accompagnera de la réforme de la gouvernance de
l'assurance-maladie", déclare M. Mattei dans un
entretien lundi au Quotidien du médecin
Le ministre a par ailleurs
annoncé vouloir revoir, en collaboration avec le Premier
ministre, le ministre de l'Economie et le ministre du
Travail, le mode de financement de la Sécurité sociale,
"pour faire en sorte que le financement de
l'assurance maladie ne dépende plus des aléas de l'économie,
avec sans doute des systèmes de compensation".
Il faut revoir la CMU (couverture
maladie universelle) et la place des complémentaires"
(mutuelles), a précisé le ministre, qui entend lancer
fin janvier un "appel à propositions" aux
partenaires sociaux. Ils auront deux mois pour faire
leurs propositions, avant que le ministère ne dresse une
synthèse en avril pour un projet "en mai/juin".
"Je pense que le
moment est venu d'une remise à plat de notre système de
santé (...) Depuis dix ans, la pente d'augmentation des
dépenses de santé est à peu près de 7 %, c'est-à-dire
trois points au-dessus de l'augmentation de notre
richesse nationale", avait-il assuré dimanche au
Grand Jury RTL-Le Monde-LCI.
M. Mattei d'insister :
"Il faut essayer de contrôler, d'éviter les abus,
les gaspillages (...) Je veux que les gens se sortent de
l'esprit que (...) le prix des médicaments n'a aucune
importance. Je veux que les gens aient conscience que
c'est leur argent. Non pas pour les culpabiliser, mais
pour les responsabiliser".
Bien que les dépenses
relevant de l'ensemble de l'Ondam (soins de ville, hôpitaux,
cliniques privées, établissements médico-sociaux) ne
soient "pas encore totalement connues", les
soins de ville connaîtraient une augmentation supérieure
à la moyenne.
Les chiffres provisoires
publiés lundi concernant les sommes remboursées par le
régime général (80 % des dépenses maladie de la Sécu)
en 2002 font état de 45,9 milliards d'euros (sur 95 mds)
consacrés aux soins de ville (+ 8,9 %). Cependant, selon
la Cnam, les soins effectivement dispensés en 2002, inférieurs
à cette somme n'auraient augmenté que de 7,6 %.
Alors que les honoraires
des médecins libéraux viennent d'être revalorisés, M.
Mattei assure que les 110 millions d'euros supplémentaires
prévus pour financer cette revalorisation "ne nous
font pas sortir des clous" pour 2003.
"Pour la première
fois, (les médecins) ont accepté le principe d'une
revalorisation conditionné à l'évolution du volume des
actes (...) Nous sommes ici dans une révolution
copernicienne", ajoute-il dans le Quotidien du médecin.
|