Qu'est-ce
que la pauvreté ? L'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale rendait ce jeudi 23 novembre son premier rapport annuel. Le document, plutôt pédagogique, pose une série d'outils communs qui devraient désormais faire référence dans la mesure des inégalités. Pour la première fois, la pauvreté et l'exclusion sont analysées sous une triple approche : en termes de seuil monétaire, de capacités d'acquisitions de biens et de ressenti de la pauvreté. Trois critères de la pauvreté Sont considérés pauvres, d'un
point de vue monétaire, les ménages ou les
individus dont les ressources sont inférieures à un
seuil donné. Dans notre pays, le seuil le plus
couramment utilisé est "la moitié du niveau de vie
médian", ce niveau de vie qui sépare la population
en deux parties égales (la moitié des ménages ont un
niveau de vie supérieur, l'autre moitié un niveau de
vie inférieur). En 1996, près de 8 % des ménages étaient
ainsi considérés comme pauvres, soit environ 8 à 10 %
de la population totale (entre 4,5 et 5,5 millions de
personnes). Un cinquième d'entre eux étant des enfants
de moins de 14 ans. Selon l'indicateur de "conditions
de vie", qui correspond aux difficultés de la
vie courante (confort du logement, endettement,
consommation, équipement), les données de 1999 donnent
également environ 10 % de ménages défavorisés. Le troisième indicateur est
celui de la "pauvreté administrative" qui
chiffre le nombre de ménages relevant de la solidarité
nationale au titre des minima sociaux. Là encore, on
retrouve environ 10 % de la population. Mais cette mesure
de la pauvreté est très influencée par la législation
sociale : ainsi certaines personnes, et notamment les
jeunes de moins de 25 ans, n'ont pas droit au revenu
minimum d'insertion (RMI) et ne sont donc pas comptées
ici, pas plus que celles qui n'ont pas connaissance de
ces prestations ou qui refusent démarches
administratives et assistance. Par ailleurs, toute amélioration
des barèmes, toute extension des conditions
d'attribution conduisent à une augmentation du nombre
des bénéficiaires sans que pour autant, la pauvreté se
soit accrue.
Ils sont fortement dépendants par
rapport aux prestations sociales, qui ne se limitent pas
aux minima sociaux. Ceux-ci représentent 16 % du revenu
alors que les prestations logement en représentent 14 %
et les autres transferts 22 %. Et les revenus d'activité
représentent près du tiers du revenu des ménages
pauvres contre les deux tiers pour les autres ménages.
La pauvreté est fortement liée à l'absence ou à l'irrégularité
de l'emploi. Ainsi, les travailleurs pauvres seraient
environ 1,3 millions. Et le taux de pauvreté est
particulièrement élevé pour les familles
monoparentales, dont le chef de famille est
majoritairement une femme. Ce taux de pauvreté est supérieur
à la moyenne pour les moins de trente ans, particulièrement
si la personne de référence a moins de 25 ans. Mais
c'est sans compter l'aide que peut apporter la famille du
ménage. Les caractéristiques des ménages
pauvres au regard des conditions de vie sont sensiblement
les mêmes que celles des ménages situés en dessous du
seuil de pauvreté, même si ces deux groupes ne se
confondent pas. La situation par rapport au travail est
ici déterminante : les ménages dont la personne de référence
est au chômage sont cinq fois plus souvent en difficulté
que ceux dont la personne de référence est "active
occupée". Parmi les autres facteurs, soulignons la
famille monoparentale, les problèmes de divorce ou
professionnel, les problèmes de santé et les accidents,
la vie dans les villes de plus de 20 000 habitants ou
encore le fait d'être locataire.
La France se situe, comme
l'Allemagne et l'Espagne, dans la moyenne des pays européens
avec un taux de pauvreté monétaire proche de la moyenne
qui est de 11 % pour l'Europe. On trouve en France plus de familles
monoparentales au sein de la population pauvre et plus de
personnes isolées de moins de 65 ans. La France est avec
le Danemark le pays où le taux de pauvreté des enfants
est le plus faible. Mais il ne faut pas oublier que la
pauvreté monétaire n'a pas le même sens dans des pays
où la proportion de la population rurale est encore
importante et où les solidarités familiales élargies
jouent un rôle non négligeable. C'est ainsi que l'on a
pu parler pour les pays du sud de l'Europe de "pauvreté
intégrée" et pour des pays comme le Royaume-Uni et
la France de "pauvreté disqualifiante". |