Mars
2007
L'Ordre des médecins et l'évolution
de l'exercice de la profession
Le
patient, le médecin et la société :
dix principes pour une confiance partagée
ORDRE NATIONAL DES MEDECINS
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Conseil National de l' Ordre
180 Boulevard Haussmann - 75008 PARIS - Tél. : 01 53 89 32 00
www.conseil-national.medecin.fr
Le Conseil National de l' Ordre des médecins, dans un monde «
en bouleversement » et dans les perspectives de la construction
européenne, a l'ambition de tenir une place affirmée dans
l'organisation du système de santé en France.
L'élection présidentielle et les élections législatives
sont un moment clef dans la vie de notre pays.
Le CNOM n'entend pas questionner les candidats. Le CNOM estime néanmoins
important qu’il apporte ses réflexions, à l'occasion
du débat public et citoyen.
Cela lui donne l’opportunité de rappeler que la construction
de l'Europe ne doit pas se départir du principe de subsidiarité
en matière de santé.
Le Conseil National de l 'ordre des médecins défend une
déontologie au service du patient, des médecins et de la
médecine,
? . pour garantir la qualité de la médecine, et l'égalité
dans l'accès aux soins
? . pour exprimer 1 "éthique médicale dans la société
d'aujourd'hui,
? . pour maintenir, de façon immuable, la confiance des patients
envers les médecins, et l'indépendance de leurs décisions
médicales face à toute autre considération,
Ce manifeste pour la qualité de la médecine » énonce
les bases d'une confiance renouvelée entre le patient, le médecin
et la société sur trois grands thèmes :
? . le médecin et la liberté du patient,
? . le citoyen, la société et ses médecins,
? . l’indépendance professionnelle du médecin.
I. La liberté du patient
La loi du 4 mars 2002 a modifié l'ancien équilibre de la
relation médecin-patient, qui était fondé sur les
devoirs du médecin exprimés dans le code de déontologie
médicale. Ce sont désormais les droits des patients qui
s'expriment dans l'organisation juridique de cette relation, maintenant
codifiée dans le code de la santé publique. Si les médecins
peuvent se sentir désarmés et chercher avant tout à
se protéger, la « judiciarisation » de la médecine
ne doit cependant pas faire illusion. La qualité de la médecine,
dans sa double dimension humaniste et scientifique, continuera de reposer
sur le dialogue, l'écoute, la confiance, l'adhésion, la
compétence des médecins.
L'ordre souhaite attirer l'attention sur la tendance naturelle que possède
toute administration à vouloir réglementer alors que la
relation singulière du patient avec son médecin doit pouvoir
« respirer », et que la liberté du patient ne saurait
venir restreindre celle du médecin.
1° Principe : La liberté dans l'accès aux soins,
Liberté n'est pas synonyme de laisser-aller ou laisser-faire. Si
les patients ont des droits, ils ont tout autant des devoirs vis-à-vis
de la collectivité et envers les médecins. L' Ordre affirme,
au nom de la qualité des soins, que les médecins sont en
droit d'exiger du patient la sincérité, la transparence
lorsqu'elle est nécessaire, la responsabilité. Les citoyens
sont acteurs de leur santé, collectivement mais aussi individuellement
et les médecins ne sont pas de simples distributeurs de soins ou
prestataires de services. C'est dans cet esprit que l' ordre souhaite
s'engager plus activement dans la voie d'un partenariat responsable avec
les associations d'usagers et les associations de patients, en matière
d'éducation à la santé, de parcours de soins, d'information
et de partage des responsabilités. C'est également dans
cet ordre d'idées que l' ordre rappelle que la préservation
de la santé doit conduire à se préoccuper de la qualité
de vie du malade dans son environnement familial, social et professionnel
ainsi que de sa part de responsabilité personnelle à cet
égard.
C'est ainsi que se conçoit la liberté et la responsabilité
dans l'accès aux soins.
Cette autonomie du patient n'est pas seulement limitée à
l'acte de soins ponctuel. Elle s'acquiert progressivement tout au long
de la vie et dès le plus jeune âge. La connaissance en général
et l'éducation à la santé en sont les deux éléments
constitutifs, puisque la liberté ne peut être exercée
dans l'ignorance. C'est dire combien l'ensemble des partenaires dans le
système de soins et de protection sociale doivent avoir un rôle
pédagogique dans le développement de cette « liberté
responsable » de l'usager du système de santé.
La décision médicale avec un patient autonome est devenue
aujourd'hui une décision partagée et non plus une décision
paternaliste. Mais partager c'est aussi, et nécessairement, exprimer
des incertitudes sur le diagnostic, le pronostic ou sur les chances de
succès d'un traitement, tout en sachant garder une attitude réconfortante.
La gageure est donc de rester humain dans une démarche scientifique:
le patient devient « sujet de sa santé » et non plus
« objet de soins ».
2ème Principe : adopter et adapter le parcours de soins
Bien que l'activité médicale s'inscrive aujourd'hui dans
un cadre règlementaire de plus en plus contraignant les médecins
doivent se poser en force de proposition pour assouplir une réglementation
excessive et l'adapter aux nécessités d'un exercice médical
d'autant plus satisfaisant qu'il demeurera humain et pragmatique.
Ainsi, le « parcours de soins » mis en place par les dernières
lois met en évidence l' inadéquation dune réglementation
rigide qui aboutirait paradoxalement à une ségrégation
économique dam l'accès aux soins. Autant le
3ème Principe : consentir aux soins
Le consentement aux soins est le préalable obligé de tout
acte médical. Cependant, certaines situations où le refus
de soins de la part d'un patient est exprirné, directement ou par
une directive anticipée confrontent le médecin à
des conflits de devoirs. Il en est de même en cas d'exigences particulières.
La clause de conscience doit permettre au médecin de ne pas souscrire
à ces exigences du patient quitte à l'orienter vers un autre
praticien. Dans des situations extrêmes, la transgression à
la règle est une éventualité que justifie l'exercice
responsable du médecin Ainsi les limites de la transparence en
matière d'information sont perceptibles dans les situations extrêmes
où le pronostic vital est engagé. Une conduite univoque
est impossible lorsque deux représentations de la maladie et de
la mort s'affrontent, celle du médecin et celle du malade. Seul
modèle proposé, bâti sur le concept ancien du médecin
de famille, est utile et mérite d'être recommandé,
autant la mise en place d'un contrôle tatillon poserait problème.
La prise en compte des besoins spécifiques liés à
certaines pathologies est indispensable. Parallèlement certaines
populations, peu motivées par le recours à une médecine
personnalisée et enclines à rechercher des structures de
soins intégrées,
doivent être accompagnées dans des parcours différents
répondant mieux à leurs prises en charge.
un travail progressif, collégial et inscrit dans la durée,
peut permettre de se rapprocher et d'apprivoiser la vérité,
qui est d'abord celle du patient, hors de toute obstination déraisonnable
ou acharnement thérapeutique.
Les directives anticipées et la désignation d'une personne
de confiance sont un élément nouveau dans l'exercice de
la profession médicale. A ce titre, elles méritent explication
et appropriation par les médecins . Les médecins traitants,
mieux formés seront les relais irremplaçables auprès
de leurs patients. C'est à l' ordre de remplir ce devoir pédagogique.
L'éducation à la santé, comme le bon usage du système
de soins, est d'abord l'affaire des patients et des médecins et
ne relève pas des attributions ou des compétences des assureurs.
4è` Principe : l'utilisation de l'outil informatique ne doit pas
oublier les droits fondamentaux des patients et la liberté des
personnes
Le bénéfice du développement des nouvelles technologies
de l'information ne se discute pas. Il véhicule le progrès
scientifique au bénéfice de tous. L'informatisation des
dossiers médicaux est devenu une nécessité dans un
monde scientifique où s'imposent les nouvelles technologies. Ainsi,
le « dossier médical personnel » est un concept positif
car il permet de responsabiliser le patient et de faciliter la coordination
des soins. Cependant, la volonté dérivée qui serait
d'en faire un instrument obligatoire ayant des objectifs de régulation
économique amènerait inévitablement à des
situations de conflits. Au nom des libertés individuelles, tout
patient peut légitimement exiger la confidentialité absolue
ou partielle sur les données personnelles de santé qui seraient
inscrites dans un fichier ou un dossier informatisé. Si le masquage
est un droit reconnu par la loi Informatique et Liberté, le Conseil
National de l'ordre des médecins a indiqué que le masquage
du masquage est le seul procédé à même, dans
certains cas, de garantir le secret total. Toutefois, l'Ordre a également
rappelé, dans le même temps, que le médecin ne saurait
partager une responsabilité dans ce masquage, ni en être
l'acteur. Le masquage d'une
information relèvant de la liberté personnelle du patient
elle n'engage que sa seule responsabilité.
En matière de santé publique l'efficacité peut être
contradictoire avec le respect des libertés personnelles. Bien
que les médecins aient une responsabilité de santé
publique, il s'agit là d'un débat citoyen dont ils ne sont
pas les seuls acteurs. Le malade qui bénéficie de la solidarité
nationale a aussi une responsabilité vis-à-vis de ses concitoyens.
Le cas des dons d'organes est exemplaire La déclaration des maladies
obligatoires, les recueils d' informations ou de donrées épidémiologiques,
propres à nourrir les registres, doivent être encouragés,
mais ceci ne peut être accepté que dans le respect absolu
de la confidentialité vis-à-vis des personnes et de l'anonymisation
stricte des sources.
Il est compréhensible que le législateur se préoccupe
d'organisation et de recherche des modalités d' uniformisation,
mais il revient aux médecins de mettre en avant le respect des
singularités, car ils sont au service de malades, tous uniques.
En particulier les médecins, n'ayant pas pour mission de défendre
l'ordre public, ne peuvent accepter l'amalgame entre délinquance
et maladie mentale.
Il- Le citoyen, la société et ses médecins
5ème Principe : organiser la continuité des soins autour
de la mobilité, de l'aménagement collectif et des aides
à l'exercice
Pour tout médecin, la continuité des soins est de sa responsabilité
individuelle pour que chaque patient dispose d'une chaîne ininterrompue
de soins, 24 heures sur 24, malgré le désir légitime
du praticien de préserver sa propre qualité de vie. Il s'agit
là d'un nouveau défi d'organisation collective et solidaire
de la profession, que l' ordre se propose de relever en définissant
de nouveaux modes de coopération entre les médecins et entre
les divers secteurs d'exercice. Le travail en groupe, en association,
en réseaux, en lieux multiples doit être facilité
par les règles déontologiques qui doivent être des
moteurs et non des freins.
La constitution de réseaux ville-hôpital ou toutes autres
formes de décloisonnernent ne pourraient que reoevoir l'assentiment
de l'ordre, notamment dans l'organisation territoriale de la permanence
des soins et de l'aide médicale urgente.
Certains ont avancé l'éventualité de mesures de planification
contraignantes à l'installation des médecins ou des établissements.
Elles ne nous paraissent pas adaptées aux réalités
sociologiques et économiques de notre pays. L'Ordre se propose
donc d'apporter des solutions originales, de nature à réformer
des usages et des habitudes. Trois idées maîtresses guident
ces propositions
mobilité, aménagement du territoire et aides à l'exercice
professionnel.
Ainsi l'ordre a récemment modifié le Code de déontologie
médicale afin de permettre un exercice multi-site, en cas de
besoins sanitaires ou de nécessité de coordination des soins.
Si les notions « d'exclusivité de l'installation et de l'exercice
» et de « suivi personnel des malades par le médecin
qu'ils ont choisi » cadraient bien avec une organisation ancienne
de l'exercice libéral de la profession et une occupation du territoire
plus rurale, elles ne représentent plus aujourd'hui que des contraintes
rigides et inutiles, entravant une évolution des règlements
souhaitable pour la bonne organisation de l'offre de soins.
L'Ordre propose des solutions souples et basées sur le volontariat,
telle la création par les médecins eux-mêmes de structures
d'exercice médical multidisciplinaires ouvertes à plusieurs
médecins, de spécialités différentes, qui
viendraient consulter et donner leurs soins à temps partiel, se
partageant sur plusieurs cabinets. Cet exercice multi-site, "itinérant"
différent par nature de la médecine foraine, serait organisé,
reconnu et soumis au contrôle de sa double conformité déontologique:
améliorer les soins et aider 1 exercice professionnel au service
des patients, notamment dans les zones démographiquement déficitaires
ou fragiles. Le partage des activités entre les médecins
au sein de ces structures permettrait des heures d'ouverture larges pour
couvrir les besoins des malades, tout en laissant à chacun un espace
de liberté pour sa vie privée.
6 eme principe : une évolution continue des compétences
et une délégation nouvelle des tâches
Tout au long de sa vie professionnelle le médecin doit entretenir
et perfectionner ses compétences. Ce perfectionnement doit donner
lieu à la validation des acquis de l'expérience. De la même
façon les pratiques professionnelles doivent être évaluées.
l'ordre est partenaire dans la mise en ceuvre de ces obligations dont
il veut faciliter le développement.
De même, la situation de la démographie médicale et
les compétences propres des
autres professions de santé justifient des délégations
de tâches, dans une logique de réseaux coordonnés
de prise en charge. Toutefois il revient au médecin d'assurer la
fonction prescriptive des traitements quels qu'ils soient car la thérapeutique
ne peut découler que d'un diagnostic médical préalable,
établi conformément aux données acquises de la science.
7 éme principe : innover pour garantir l'accès aux soins
L'Ordre des médecins est conscient que l'exercice de la médecine
doit être conçu à la fois comme un service au public
(que ce soit dans le cadre de l'exercice libéral ou dans celui
de l'exercice hospitalier) et comme un service à la personne. Dans
cette double approche apparaît la nécessité impérative
de garantir la liberté de l'accès aux soins et de préserver
l'indépendance des médecins vis-à-vis des finanoeurs
tant pour leur activité diagnostique et leurs démons thérapeutiques
que sur leur choix d'un exercice libéral ou salarié
L'accès aux soins repose très largement sur le principe
de son financement indirect par la solidarité nationale. Il revient
ainsi à la représentation parlementaire de déterminer
les bases du financement du système de santé et à
l'État de garantir une organisation qui permette aux populations
en tous points du territoire d'avoir accès aux soins que leur état
requiert. Les nécessités de regroupements des équipements
comme des ressources humaines, pour des raisons de coûts et de qualité
des soins, supposent que le transports des patients soit prévus
dans des conditions propres à garantir leur sécurité
médicale. Les
anciennes pratiques entraînant le déplacement du médecin
et la dissémination des lieux de soins doit être révisée
et l'éducation sanitaire des populations doit être entreprise
à cet égard.
Il en est ainsi notamment dans la présence structurée de
cabinets médicaux dans les zones rurales et, d'une manière
générale, de l'organisation de la permanence des soins.
L'Ordre s'est dît favorable à la mise en place de "maisons
médicales" dotées de moyens humains et matériels
suffisants qu'aucun médecin ne peut assumer isolément :
secrétariat, aide paramédicale, équipements, moyens
de communication et de bureautique, ...
Les collectivités territoriales et organismes sociaux devraient
pouvoir investir dans cet aménagement du territoire, dans le cadre
des orientations générales déterminées par
la politique nationale de santé. l'ordre souhaite que la régionalisation
du système de santé s'effectue sous l'autorité déconcentrée
de l'État par exemple sous la forme d' Agences Régionales
de l'offre de Soins.
III. L'indépendance professionnelle des médecins
8 éme principe: l'indépendance professionnelle de tous les
médecins est une garantie de qualité et de liberté
pour les citoyens : c'est à l'ordre d'y veiller
Préoccupation naturelle de l'instruction ordinale puisque celle-ci
a réglementairement mission de veiller à sa préservation
l' indépendance du médecin n'est pas « la liberté
du renard libre dans un poulailler libre». Elle ne doit omettre
ru la dimension de la santé publique ru le fait que le patient
n'est pas un objet administré niais un suJet acteur de sa santé
(loi du 4 mars 2002).
Il faut distinguer désormais deux concepts: lindépendanoe
matérielle du médecin bornée par les nouvelles modalités
d'exercice et l'autononie de la décision médicale maintenant
encadrée par les contraintes réglementaires et/ ou économiques.
Le médecin au point de convergence de ces contraintes diverses,
voit deux ordres d'éléments influer sur les conditions de
son exercice professionnel:
0
L'accession du patient acteur de sa santé, à un statut de
majorité sanitaire défini par la loi du 4 mars 2002. l'indépendance
du médecin est consacrée par le fait que, hormis le cas
d'urgence et celui où il manquerait à ses devoirs d'humanité,
le médecin a la liberté de refuser ses soins.
0 Le désengagement partiel de l' État en tant qu' organisateur
du système de santé puisqu'il tend à se décharger
de sa mission sur l'assurance-maladie, en ce qui concerne principalement
le secteur libéral. L'indépendance du médecin doit
être ici défendue au regard des « tentations régulatrices
» des services administratifs et comptables des organismes d'assurance.
L' Ordre doit veiller particulièrement à la défense
de cette indépendance. La décision médicale ne doit
reposer que sur les principes de besoin et de nécessité
et ne pas dépendre de toutes autres considérations gestionnaires.
Le libre choix du médecin par le patient fondement historique de
lindépendance du praticien, se trouve canalisé par l' instauration
(loi du 13 août 2004) du «médecin traitait »
et du « parcours de soins ». l'instauration de filières
et de réseaux restreint également oe libre choix ainsi que
l'appauvrissement de la démographie médicale dans ces zones
géographiques La « liberté d'installation »
se trouve aujourd' hui régulée par les mesures d'incitation
à l'installation et même « pénalisée
» par des menaces de non-attribution « davantages conventionnels»
(participation aux cotisations d'assurance maladie ou de retraite du praticien
conventionné) ou même par l' instauration d' un conventionnement
sélectif.
L' exercice libéral dans les établissements privés
se trouve égalernent encadré par la tentation d' imposer
au médecin des critères de rendement par le biais de contrats
qui rie sont que des autorisations d'exercice révocables, «
sièges éjectables permanents », ou par l' implantation
de médecins plus productifs.
Face aux éventuelles pressions de la justice ou des compagnies
d'assurance, les médecins experts judiciaires et les médecins-conseils
des compagnies d'assurances doivent redoubler de vigilance pour conserver
leur
objectivité d'appréciation dans le cadre de leurs missions.
Mis en place dans les réseaux, les EHPAD et les structures d' HAD,
les médecins coordonnateurs sont en interface entre médecins
libéraux et établissements. La tentation existe d'en faire
une courroie de
transmission entre directives d'établissements et médecins
libéraux, non seulement en termes d'organisation, niais aussi en
termes de rentabilisation des interventions ou des prescriptions. La fonction
médicale de coordination doit rester absolument et totalement distincte
de celle de médecin-traitant.
9 principe: la liberté de prescription ne peut être encadrée
que par les seuls critères de qualité des référentiels
médicaux.
Principe historique cardinal d' indépendance la liberté
de prescription a vu évoluer les conditions de son application.
Si des restrictions peuvent être acceptées à ce sujet
toute restriction à la liberté de prescription ne peut reposer
que sur des référentiels de bonne pratique, et ceux ci ne
peuvent être reconnus comme tels que :
. S'ils sont définis par des collèges professionnels compétents,
• S'ils ne sont pas fondés sur des critères économiques
isolés,
• S'ils sont indépendants des influences de l'industrie pharmaceutique
et biomédicale.,
A licientique de la liberté de prescription, l'autonomie de la
décision médicale ne doit reposer que sur un encadrement
défini par les référentiels professionnels.
Dans le système hospitalier public existe le risque de conflit
d'une part entre la notion d'indépendance professionnelle de l'
exercice médical d'une part et l' autonomie de la décision
médicale d'autre part, face au pouvoir administratif et aux contraintes
financières
Les réformes en cours peuvent concourir au maintien de l'indépendance
des médecins par leur forte irnplication décisionnelle dans
les
instances de gestion et d' admisitration Le renforcement du pouvoir médical
de la CME et la création du conseil exécutif, organe décisionnel,
où les médecins sont à parité avec l'administration
vont dans ce sens, entraînant :
0 La création des pôles d'activités
médicales ou médicaux-techniques, avec élaboration
de projets dans le cadre d'une contractualisation interne. La réforme
de la dotation budgétaire, la T2A visant « à compenser
» l'activité médicale, alors que la budgétisation
antérieure n'était basée que sur les dépenses.
La réforme du statut du praticien hospitalier, amenant des procédures
de nomination et d'affectation où l'avis médical sera prépondérant,
et l'instauration d'une part variable de la rémunération
tenant compte de l'efficience.
Mais, ces nouvelles dispositions peuvent avoir des éffets pervers:
La hiérarchisation des pôles d'activités peut être
source de conflits internes
Le temps administratif peut être vécu comme chronophage par
rapport au temps médical.
Les contraintes contractuelles des projets de pôles peuvent induire
des comportements peu conformes à la déontologie. De la
même façon, dans le cadre de la budgétisation à
l'activité, on peut craindre la possibilité de comportements
opportunistes (choix des patients, multiplication des hospitalisations
et des examens complémentaires, etc .... )
Enfin, les éléments pris en compte dans le cadre de la part
variable de la rémunération ne devront pas être uniquement
quantitatifs.
Pour la médecine du travail, il pourrait également y avoir
conflit d'intérêt avec l'employeur si le rôle du médecin
était limité à l'étude de l'ergonomie du poste
en relation avec le profil médical de l'intéressé.
Dans les autres domaines : médecins territoriaux ou médecins
de l'éducation nationale, le poids de la hiérarchie administrative
se fait de plus en plus sentir. Lévaluation des pratiques professionnelles
pourra peut-être apporter aux rnedecins un support pour le maintien
de leur indépendance de décision médicale.
10 ème principe : les conditions de la rémunération
ne doivent pas altérer l'indépendance du médecin
La rémunération directe et à l'acte n'est pas l'unique
garantie de l'indépendance du médecin et de la liberté
du patient. La médecine hospitalière et salariée,
l'extension du tiers payant en médecine ambulatoire comme dans
les actes coûteux, l'attrait nouveau des médecins
pour des rémunérations forfaitaires en matière de
prévention ou de permanence des soins le confirment. L'indépendance
du médecin doit être fermement protégée, quelle
que soit la ou les modalités de rémunération, c'est
une des missions essentielles de l' ordre.
L'expression de ces dix principes n' épuise naturellement pas
l'ensemble des réflexions du Conseil National de l'Ordre des médecins.
L' ordre a également d'autres préoccupations dordre éthique,
déontologique et juridique sur la place et le rôle des médecins
dans la société. Il les fera connaître au fur et à
mesure afin d'alimenter le débat public. En effet, le partage de
la confiance entre la société, les patients et les médecins
nécessite l' écoute et le respect des arguments librement
et loyalement exposés.
L' ordre ne prétend pas imposer un point de vue, mais, en exposant
le point de vue ordinal, il exerce pleinement sa double mission au service
de nos concitoyens.
Il lui appartient en effet pleinement de veiller
. à la défense de lhonneuret de l'indépendance de
la profession
. à l'observation par tous ses membres de principes de moralité,
de probité, de dévouement et de
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