LA CRAMPE DE L'ÉCRIVAIN Sous cette dénomination, il faut y voir également la crampe du musicien, la crampe du golfeur, etc... |
1 -
Présentation clinique La crampe des écrivains est une dystonie segmentaire qui touche le membre supérieur dominant et plus particulièrement les muscles du poignet et des doigts. Elle perturbe l'écriture alors que tous les autres gestes fonctionnels qui impliquent l'utilisation de ces mêmes muscles n'en sont pas affectés. Elle se manifeste dès les premiers mots ou après plusieurs lignes, selon le degré de gravité de la dystonie. Le membre supérieur prend des postures anormales dont les plus fréquemment rencontrées sont, lécartement et la flexion du coude, une forte pronation de l'avant-bras, une flexion ou une extension du poignet, une crispation des doigts sur le stylo, l'élévation d'un ou de plusieurs des doigts assurant la tenue du stylo. Les différentes attitudes pathologiques prises par le membre supérieur au cours de lécriture rendent difficile ou impossible la poursuite de l'écriture. Le déplacement du stylo sur la feuille est obtenu grâce à des mouvements compensatoires de l'épaule qui rendent la fonction décriture pénible et maladroite et le message écrit peu ou pas lisible. La gêne est en générale indolore, ce qui la différencie des syndromes de sur-utilisation (" overuse syndrom ") conséquence dun excès décriture associé ou non à un défaut du geste. |
2 -
Evolution Lancienneté de la dystonie apporte des informations sur lévolution. Certaines crampes des écrivains qui à lorigine étaient simples et limitées à lécriture, peuvent évoluer en tache dhuile pour contaminer dautres gestes fins de la main dominante et même modifier la posture du membre supérieur en lui imprimant une attitude dystonique plus ou moins marquée. Les rémissions spontanées dans les premières années ne sont pas rares ainsi que les rechutes par la suite. 3 - Evaluation Les défauts propres à la graphomotricité sont appréciés en modifiant la tenue du stylo. Ils s'observent au niveau du tronc, de la tête et des épaules. Ils affectent la relation entre:
La quantité décriture, la vitesse d'exécution et lisibilité du tracé sont lobjet dune analyse précise. Les écrits présents et antérieurs à la survenue de la dystonie sont comparés. Limagerie médicale et lI.R.M. en particulier ne montre pas de lésion nerveuse, elle nest utile que dans des cas très particuliers. |
4 -
Personnes concernées Lâge a son importance, il semble exister deux périodes d'apparition au cours de la vie :
Les professions à risque soulignent la relation existant entre crampe des écrivains et la quantité décriture. Parmi les professions les plus touchées on rencontre les enseignants, les médecins et les comptables. Certaines conditions décriture favorisent la survenue de la dystonie comme lutilisation de papier carbone ou une écriture très contrainte par l'utilisation de formulaires à remplir de manière rigoureuse et calibrée. Un traumatisme initial corporel ou psychologique est rapporté comme le mécanisme à l'origine de la dystonie dans 15 à 20 % des cas. 5 - Les principaux traitements utilisés sont: les médicaments myorelaxants, les injections de toxine botulique au niveau des muscles impliqués dans lattitude pathologique et la rééducation à laquelle est parfois associée la relaxation ou le contrôle du mouvement par myo-feedback. Lexpérience montre que lassociation judicieuse des différents traitements apporte dans un nombre de cas non négligeable une amélioration sensible en terme de confort et de lisibilité et parfois même la disparition de la gêne fonctionnelle. |
6-
Place de la rééducation Schématiquement la rééducation peut être organisée en trois phases successives. Un temps initial de relâchement musculaire dont les objectifs sont :
Le deuxième temps est la phase de réappropriation de loutil. Il sagit de retrouver des mouvements libérés de la tension musculaire, au niveau de lextrémité distale du membre dominant. Le sujet apprend à contrôler la liberté des mouvements de son poignet, à exécuter des mouvements amples et coordonnés avec un matériel varié (feuilles de papier de différentes tailles, chevalet, ...) et des outils différents (baguettes chinoises, billes, crayons à facettes, brosses pour peindre, stylo à bille, feutres). La rééducation débute par des manipulations dobjets pour porter ensuite sur des exercices pictographiques de difficulté progressive. La dernière phase est le temps de production écrite. Le sujet est engagé dans des exercices divers décriture. Il apprend à reconnaître les activités musculaires qui perturbent son écriture, à les contrôler et à les éliminer. Il surveille la qualité de son geste pendant la scription. Il sagit de renforcer le temps de correction volontaire pour tenter dinfluer sur les automatismes de lécriture. Meige suggérait "décrire peu, lent, rond, gros et droit". Jean-Pierre Bleton Centre Raymond Garcin-CHSA 1, rue Cabanis 75014 Paris E-mail : bleton@chsa.broca.inserm.fr Extraits des articles publiés dans la revue Kinésithérapie Scientifique (KS) n° 367, 368, 369 en 1997; avec laimable autorisation de la SPEK- éditeur |
|
||
vwvwv | vwvwv |