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Les
noyaux gris centraux et le système
sous cortico-spinal ("extrapyramidal")
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1-
NEUROANATOMIE FONCTIONNELLE
1-1
Description
Le
système extrapyramidal est un système moteur polysynaptique,
naissant en dehors de l'aire 4 de Brodmann, faisant relais dans
les noyaux gris centraux (NGC) ou les noyaux moteurs du tronc cérébral.
Il est constitué des formations suivantes :
-
les
aires corticales prérolandiques 6, 8 ; post rolandiques
1, 2, 3, 5 et 22 (Brodmann)
Figure
1.
-
les
noyaux gris centaux (NGC) : il s'agit d'un groupe de noyaux sous-corticaux
richement interconnectés :
- le noyau caudé
- le noyau lenticulaire, découpé en 2 structures
d'origine embryologique différente : une partie externe
: le putamen, et une partie interne, le pallidum
- le thalamus moteur par ses noyaux ventral antérieur et
ventro-latéral
- des formations sous-thalamiques et mésenc&e?? acute;phaliques
: le noyau sous thalamique (NST = corps de Luys), le locus niger
(= substance noire : SN). La SN comporte 2 parties, la pars compacta
(SNpc, composée de neurones dopaminergiques), et la pars
réticulata (SNpr, composée de neurones GABaergiques)
- le noyau pédonculopontin (faisant partie de la formation
réticulée du tronc cérébral)
Figure 2.
Figure 3.
-
le groupe ventromédial chemine dans la moelle ventrale. Il
comprend :
. les faisceaux vestibulo-spinaux latéral et médian
. le faisceau tecto-spinal
. les faisceaux réticulo-spinaux
Ces faisceaux se terminent sur la région ventromédiane
de la substance grise de la moelle sur des interneurones (IN), des
neurones propriospinaux longs et les alpha-MN des muscles axiaux
et proximaux des membres. Ils jouent un rôle majeur dans le
contrôle de la posture et de l'équilibre.
Figure
4.
- le groupe dorsolatéral chemine dans le quadrant dorsal
de la moelle. Il comprend :
. le faisceau réticulo-spinal
. les faisceaux bulbo-spinaux
Ces faisceaux se terminent sur la région dorsolatérale
de la substance grise de la moelle sur des interneurones (IN),
des neurones propriospinaux courts et les alpha-MN des muscles
distaux des membres. Ils sont impliqués dans les mouvements
distaux des membres.
1-2
Organisation fonctionnelle
Les
noyaux gris centraux sont groupés en ensembles fonctionnels
:
-
le striatum (striatum dorsal ou néostriatum) comprend 2
structures séparées par la capsule interne : le
noyau caudé et le putamen. C'est la partie la plus volumineuse
des NGC ; elle possède la même origine embryologique.
Le striatum représente la structure d'entrée des
NGC. Il est doté de fonctions réceptrices et associatives.
A côté de ces noyaux qui constituent la plus grande
part du striatum (ou striatum "dorsal"), on décrit
un striatum "ventral" (Heimer, 1982) formé du
noyau accumbens et de certaines ?? régions du tubercule
olfactif, connecté à un pallidum ventral (partie
rostrale de la substantia innominata). Striatum ventral et pallidum
ventral permettent l'interface entre le système limbique
et le système moteur. Enfin, certains considèrent
le NST comme une structure d'entrée des NGC, au même
titre que le striatum.
-
le pallidum ou globe pâle (globus pallidus)correspond à
la partie interne du noyau lenticulaire. Il a un rôle effecteur.
C'est la structure de sortie des NGC. On distingue un pallidum
externe (Gpe) et un pallidum interne (Gpi)
-
la SNpr est la seconde structure de sortie des NG. Elle se projette
sur la formation réticulée et le Noyau Pédonculo-Pontin
(fibres nigro-tegmentales), le collicullus supérieur (situé
dans le toit du mésencéphale, fibres nigro-tectales),
à l'origine de voies descendantes vers la moelle (voies
"extrapyramidales" tecto, réticulospinales).
-
le rôle fonctionnel des noyaux gris centraux reste mal connu.
Il concerne globalement la programmation motrice et est impliqué
dans tous les types de mouvements.
- ??
il existe dans le pallidum une activité tonique inhibitrice
(GABAergique) dirigée vers le thalamus moteur, qui
freine l'action de neurones thalamo-corticaux se projetant
sur l'aire motrice supplémentaire (AMS), et entrave
donc l'expression motrice
-
cette
inhibition motrice peut être levée par le striatum,
qui projette sur le pallidum des fibres inhibitrices (également
GABAergiques)
-
cette
désinhibition est obtenue sous l'influence d'afférences
corticales excitatrices (glutamatergiques) se projetant sur
le striatum. Elle permet de libérer de façon
très sélective des circuits moteurs spécifiques
(Chevalier et Deniau, 1990), en réponse à des
stimuli environnementaux particuliers; elle permet donc de
"focaliser" l'activité corticale en sélectionnant
au sein d'une activité diffuse, les influx corticaux
adaptés au contexte (Houk et Wise, 1995). Ce processus
de sélection motrice est soumis à la régulation
du locus niger (SN pars compacta - dopaminergique).
Figure
5.
1-3
Circuits spécifiques
-
l'organisation
détaillée des NGC met en jeu des boucles parallèles
(Alexander, 1986) ou circuits. Concernant la motricité,
il existe un circuit principal et 4 circuits accessoires :
- le
circuit principal est le circuit cortico-striato-pallido-thalamo-cortical.
Cette boucle joue, comme on l'a vu, un rôle dans l'initiation
et le déroulement normal des programmes moteurs.
les circuits accessoires sont essentiellement des boucles
de régulation :
.
le circuit striato-nigro-strié ou boucle nigro-striée
contrôle l'activité du striatum
. le circuit pallido-sous thalamo-pallidal (ou boucle pallido-luysienne)
permet un contrôle de l'activité pallidale, le
NST recevant des projections corticales directes.
. le circuit striato-pallido-thalamo-strié. Il permet
la régulation des informations sensorielles plurimodales
provenant du thalamus
. le circuit cortico-striato-nigro-thalamo-cortical
-
A
côté du circuit principal destiné au cortex,
qui module l'activité du système cortico-spinal
(Jellinger, 1990), le pallidum envoie également des projections
vers le locus niger (SNpr), les formations mésencéphaliques
comme le noyau pédonculo-pontin (NPP), la substance réticulée
et le noyau rouge. Ces formations sont à l'origine des
voies tecto, rubro, réticulospinales, qui jouent un rôle
dans l'adaptation du tonus postural ou la motricité des
membres.
Figure 6.
L'organisation fonctionnelle des noyaux gris centraux.
Circuit
principal (1,2,3,5,6). Le N. Caudé et le putamen (striatum)
reçoivent des afférences de l'ensemble du cortex,
en particulier des aires motrices homolatérales (1). Une
voie gabaergique inhibitrice se projette du striatum vers le pallidum
(2), et du pallidum vers le thalamus moteur (N. ventral antérieur
et ventrolatéral) (3), permettant de libérer l'activité
des neurones thalamo-corticaux se projetant sur le cortex moteur
et prémoteur (circuit striato-pallido-thalamo-cortical) (5),
dont la voie principale de sortie est la voie pyramidale (6).
Il existe plusieurs boucles de régulation de ce circuit principal.
La boucle nigro-striée (8) prend naissance dans la SNpc,
se projette notamment sur les neurones cholinergiques du striatum
par l'intermédiaire de synapses dopaminergiques. Un feed-back
inhibiteur (GABA) revient vers la SN, permettant au striatum de
moduler ses besoins en dopamine. Le NST échange quant à
lui des projections avec le pallidum, à l'origine de la boucle
pallido-luyssienne, qui contrôle l'activité du pallidum.
Enfin, les noyaux intralaminaires du thalamus reçoivent des
afférences régulatrices du pallidum interne, de l'aire
motrice corticale (aff?? érences excitatrices), du cervelet
et de la réticulée mésencéphalique et
envoient des fibres dopaminergiques dans le putamen (9), permettant
de réguler l'activité du striatum (boucle pallido-thalamo-striatale).
Le pallidum envoie également des projections descendantes
vers le locus niger (SNpr) (4), les noyaux moteurs du tronc cérébral
(noyau pédonculo-pontin (NPP), substance réticulée,
noyau rouge). Ces formations sont à l'origine des voies extrapyramidales
qui contrôlent le tonus postural et participent à la
motricité des membres.
- Les circuits moteurs des NGC sont organisés en 2 voies
parallèles: 1 voie directe et une voie indirecte, exerçant
un effet opposé sur le système moteur (Albin,
1989, Delong, 1990):
- la voie directe prend naissance dans le striatum et se
projette, par l'intermédiaire de fibres GABAergiques
inhibitrices, sur la partie interne du pallidum (Gpi) et
la SNpr, qui à leur tour projettent sur les noyaux
moteurs du tronc cérébral et le thalamus.
Cette voie exerce des effets facilitateurs sur la motricité.
Elle est facilitée par les projections nigrostriées
excitatrices mettant en jeu des récepteurs dopaminergiques
de type D1.
- La voie indirecte prend naissance dans le striatum et
se projette, par l'intermédiaire de fibres GABAergiques
inhibitrices, sur le Gpe puis le ?? NST. Celui-ci se projette
à son tour, cette fois par des fibres excitatrices
glutamatergiques, sur le Gpi. Cette voie exerce des effets
inhibiteurs sur le thalamus et les noyaux prémoteurs
du tronc cérébral. Elle est inhibée
par les projections nigrostriées inhibitrices mettant
en jeu des récepteurs dopaminergiques de type D2.
- Le rôle respectif de chacune de ces voies est débattu:
- certains considèrent que le cortex activerait d'abord
la voie directe pour initier le mouvement, puis la voie
indirecte pour l'interrompre (Alexander, 1990)
- d'autres proposent que le cortex activerait simultanément
les 2 voies, la voie directe permettant l'exécution
du mouvement, la voie indirecte ayant pour rôle d'empècher
l'exécution des mouvements non programmés
(Mink et Thach, 1991).
- Les mouvements anormaux résultent d'un déséquilibre
entre la voie directe et indirecte. Au cours de la maladie de
Parkinson, la carence dopaminergique provoque une hyperactivité
du Gpi et une freination accrue du thalamus moteur.
2- SEMIOLOGIE : Prototype = Syndrome Parkinsonien
Syndrome = ensemble de symptômes = entité nosologique
parkinsonien : groupe 3 symptomes essentiels :
??
* tremblement :
- de repos : il s'agit d'oscillations régulières de
fréquence 4-7 Hz, survenant uniquement au repos, s'atténuant
lors du mouvement. Il prédomine au membre supérieur,
généralement en distalité (main ++). Il est
renforcé par les émotions, disparaît pendant
le sommeil
Figure 7.
- d'attitude
: il survient lors du maintien d'un membre dans une position donnée
* hypertonie
:
-
extrapyramidale (hypertonie plastique, continue lors de l'allongement
musculaire, non ou peu liée à la vitesse d'étirement,
donc différente de l'hypertonie spastique). Elle atteint
toute la musculature mais prédomine sur les muscles antigravifiques.
Elle peut céder par à-coups, par exeple au poignet,
où elle réalise alors le phénomène
de la "roue dentée". Cette hypertonie est renforcée
par un mouvement du membre controlatéral (signe de Froment).
Comme le tremblement, elle disparaît au cours du sommeil)
- exagération des réflexes de posture: c'est l'exagération
du réflexe de raccourcissement ("shortening reaction&??
quot;), bien mise en évidence au niveau du cou de pied
(mise en tension du tendon du JA lors de la dorsiflexion du pied)
- l'hypertonie est à l'origine des modifications posturales
caractéristiques des patients parkinsoniens (tête
et tronc penchés en avant, genoux légèrement
fléchis, bras fléchis, collés au corps)
* Akinésie
:
Elle se
manifeste par une rareté du geste, des difficultés
d'initiation du mouvement, une amimie (visage peu expressif),
la rareté du clignement des paupières, la perte
du ballant du bras à la marche, avec une démarche
à petits pas. De même, la parole est rare, il existe
une micrographie (diminution de la taille de l'écriture).
L'akinésie s'explique par une altération de la
motricité autoguidée, sous la dominance du système
extrapyramidal, et par l'intervention des systèmes de
compensation (motricité facilitée par guides externes)
: tout mouvement, pour être réalisé, doit
être conçu, programmé, réalisé
et supervisé consciemment. Dans l'akinésie, le
programme moteur intact, mais il existe un altération
de l'exécution des programmes moteurs et de leur enchaînement.
3- FORMES CLINIQUES SELON L'ETIOLOGIE
3-1
Maladie de Parkinson ("paralysie agitante")
Etiopathogénie
: dégénérescence du locus niger (pars compacta)
avec raréfaction du pigment mélanique. Traitement
à base de L-Dopa.
Figure 8.
Tableau clinique :
*
Triade symptomatique = akinésie (signe le plus constant)
+ rigidité + tremblement.
* Signes accessoires : les réflexes ostéo-tendineux
(ROT), le réflexe naso-palpébral peuvent être
vifs. Il peut exister des signes sensitifs (douleurs profondes),
des signes végétatifs, une hypersialorhée,
voire des troubles cognitifs.
Physiopathologie
:
-
tremblement : il s'explique par l'hyperactivité d'un réflexe
à longue boucle (réflexe "transcortical"),
ou une activité rythmique centra?? le (théorie de
"l'oscillateur central")
- akinésie : elle résulte de l'hypoactivité
d'un système prémoteur mesial (AMS, gyrus cingulaire
antérieur) et du cortex pré-frontal dorso-latéral,
intervenant préférentiellement dans les mouvements
autoguidés. Par contre, il existe la préservation
et le rôle compensateur d'un système moteur latéral
(cortex moteur primaire, cortex prémoteur latéral,
cortex pariétal et cervelet), intervenant dans les mouvements
facilités par un guide externe (Samuel, 1997).
- rigidité : elle pourrait s'expliquer par l'hyperactivité
du faisceau réticulospinal dorsal connecté à
la SNpr, qui serait responsable des anomalies observées
à l'étage spinal (hyperactivité des IN de
l'inhibition réciproque Ia, diminution de l'inhibition
Ib) selon Delwaide (Delwaide, 19**)
3-2
Autres maladies neurodégénératives (autres signes
associés)
-
atrohie multisystème (multisystem atrophy, MSA) : regroupe
l'atrophie olivo-ponto-cérébelleuse, le syndrome de
Shy-Drager
- dégénérescence cortico-basale (DCB)
- maladie de Steele-Richardson (paralysie supranucléaire
progressive: PSP)
- voire démences ?? (Alzheimer : autres signes associés)
3-3
Causes vasculaires
Le
plus souvent, il s'agit d'un syndrome lacunaire ou pseudo-bulbaire
plutôt que d'un syndrôme parkinsonien vrai (hypertonie,
rire et pleurer spasmodique, troubles de déglutition, syndrome
pyramidal bilatéral). Les lésions sont disséminées
dans les noyaux gris centraux (multiples infarctus artériels
sur les petites artères vascularisant les NGC). L'évolution
se fait par poussées.
3-4
Causes toxiques et médicamenteuses
Intoxication
par le monoxyde de carbone (CO) ou le manganèse, les neuroleptiques
(signes bilatéraux, symétriques).
3-5
Causes tumorales
Tumeur
des NGC ou plus souvent de la ligne médiane ou frontale (action
à distance sur la boucle nigro-striée).
3-6
Causes infectieuses
Encéphalite
de?? Von Economo (1917-1925), maladie de Creutzfeld-Jakob (autres
signes associés)
4-
REFERENCES
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Principaux syndrômes neurologiques (3ème édition).
Roussel Ed, 1980.
- H Ollat. La
motricité. Monographies de l'ANPP-volume 4.
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