Alim-Louis
Benabid,
né le 2 mai 1942, docteur en médecine
(1970), docteur ès sciences (1978), a été professeur
de biophysique à l'université Joseph Fourier de Grenoble,
chef du service de neurochirurgie du Centre hospitalier universitaire
(CHU) à Grenoble et directeur de l'unité "Neurosciences
précliniques" de l'Institut national de la santé et
de la recherche médicale (Inserm). Depuis septembre 2007, il est
Professeur émérite de biophysique à l’université
Joseph Fourier et Conseiller scientifique au CEA (DRT).
Alim-Louis
Benabid a centré ses travaux sur plusieurs pathologies neurochirurgicales,
en particulier les tumeurs cérébrales et les mouvements
anormaux, en développant la chirurgie stéréotaxique.
La fréquence et la gravité des tumeurs cérébrales
ainsi que l'absence de traitement médical ont conduit Alim-Louis
Benabid à mettre au point des méthodes chirurgicales, notamment
stéréotaxiques, incluant des biopsies stéréotaxiques
de tumeurs à des fins de diagnostic et de recherche.
À partir de ces biopsies, la création de banques de tissus
lui a permis, avec son équipe, de caractériser les tumeurs
cérébrales par cartographie oncogénique. Des études
ultérieures de génomique et de protéomique ont mis
en évidence les facteurs participant à la progression tumorale
et ont conduit à des ouvertures thérapeutiques, telles que
les facteurs anti-angiogéniques.
D'autre part, Alim-Louis Benabid a mis au point, pour des patients atteints
de maladie de Parkinson grave et résistant au traitement médical,
l'implantation d'électrodes et leur stimulation à haute
fréquence. Il a ainsi obtenu, par inhibition des structures cérébrales
profondes, la disparition des symptômes moteurs (tremblement, akinésie,
rigidité) de la maladie.
Cette intervention, d'abord appliquée au thalamus et au pallidum,
puis à d'autres structures comme le noyau subthalamique, a une
efficacité remarquable, une très faible morbidité
et permet de diminuer les traitements médicaux.
Elle constitue actuellement le traitement chirurgical le plus efficace
de la maladie de Parkinson et apporte également des données
fondamentales d'un intérêt théorique considérable.
Alim-Louis Benabid a élargi les indications de la stimulation électrique
profonde à d'autres pathologies : dystonies,
épilepsie rebelle, troubles obsessionnels compulsifs.
Alim-Louis Benabid s'oriente actuellement vers la compréhension
des mécanismes d'action de la stimulation cérébrale
profonde à haute fréquence et la mise en évidence
de ses possibles effets à long terme, en particulier neuroprotecteurs,
sur l'évolution naturelle de la maladie de Parkinson. Il s'attache
également à l'identification précise des cibles efficaces
et des réseaux neuronaux mis en jeu lors de cette intervention.
Au CEA, il supervise un programme de développement des interfaces
Cerveau-Machine, destiné à la compensation des déficits
neurologiques.
"Le
prototype actuel n'utilise pas encore les nanotechnologies et fait à
peu près cinq centimètres de diamètre", a indiqué
Alim Louis Benabid. Un essai clinique
avec cinq malades prévoit l'implantation de ces prototypes d'ici
l'été. Quand la validité du concept aura été
prouvée, il faudra passer à des systèmes plus petits,
de la taille de l'ongle du petit doigt idéalement, a-t-il expliqué.
L'autre
application, "à plus long terme", porte sur les interfaces
entre le cerveau et un ordinateur (Brain computer interface). "Il
s'agira d'implanter des puces avec des nanoélectrodes dans le cerveau
de certains malades pour leur permettre notamment de piloter des effecteurs
(souris d'un ordinateur, éléments de domotique)", a
expliqué Alim Louis Benabib.
L'objectif
est d'aboutir par ce biais au pilotage de prothèse ou d'une chaise
à roulette afin de rendre leur autonomie à des personnes
ayant subi un accident vasculaire cérébral ou souffrant
de maladie neurodégénérative.
Le
nouveau bâtiment devrait ouvrir dans trois ou quatre ans. Il sera
financé par les collectivités locales, la région,
le CEA ainsi que par des partenariats industriels. "Tous les prototypes
ont en effet mission à être produits en quantité nécessaire
pour des essais cliniques", a souligné Alim Louis Benabib.Clinatec
regroupera une cinquantaine de personnes et sera un "hôtel
à projets", c'est-à-dire une plateforme développant
des technologies qui pourront être ensuite transférées
notamment au service de neurochirurgie du CHU de Grenoble.
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