Trois ordres de perturbations
motrices résultent d'une atteinte cérébelleuse. Elles
portent sur le tonus musculaire, sur l'exécution du mouvement et
sur le maintien positionnel.
-1- Hypotonie musculaire
Elle se caractérise par une exagération
de la passivité qui contraste avec l'absence d'hyperextensibilité
articulaire. Cette passivité est liée à une mauvaise
mise en jeu des antagonistes.
Plusieurs épreuves la mettent en évidence:
l'amplitude des mouvements passifs au niveau des
membres est exagérée alors que la résistance à
ces mêmes mouvements est diminuée.
le ballant du poignet, des épaules, du pied, du tronc est exagéré
: il est recherché par la réalisation de mouvements passifs
alternatifs rapides, allongeant successivement les muscles agonistes et
antagonistes attachés à une même articulation.
les réflexes ostéotendineux sont pendulaires ; ils donnent
lieu à des réponses trop amples et à des oscillations
de part et d'autre de la position d'équilibre, comme le fait un
pendule.
les réflexes de posture sont abolis.
la manoeuvre de Steward-Holmes est à l'origine d'un déplacement
trop ample, trop rapide et trop puissant. Elle est exécutée
en lâchant brutalement la résistance que l'examinateur oppose
à une contraction musculaire effectuée par le patient.
Ainsi, la levée de la résistance opposée à
l'avant-bras plié sur le bras tendu en avant, amène la main
à venir frapper l'épaule ou le thorax, alors que, normalement
le mouvement est immédiatement arrêté, le malade en
ayant reçu préalablement la consigne.
- 2 - Troubles de l'exécution du mouvement
Ils s'observent lors de l'exécution des
gestes volontaires et correspondent à des troubles de la coordination
dans l'espace et dans le temps.
la dysmétrie et l'hypermétrie :
se caractérisent par une exagération de l'amplitude du mouvement,
qui dépasse le but assigné. Elles sont mises en évidence
par l'épreuve doigt-nez, doigt-oreille, talon-genou opposé.
La direction est conservée. L'épreuve "des échelles"
où le malade doit tirer des lignes horizontales à partir
d'une verticale jusqu'à une autre, apporte un document objectif
en montrant le dépassement de ces verticales.
La synergie et l'asynergie se caractérisent par l'impossibilité
d'associer des mouvements élémentaires. Le déplacement
volontaire se trouve alors décomposé, la répartition
de l'activité des agonistes et des antagonistes n'étant
plus respectée. L'épreuve du mouvement penché en
arrière aboutit à un déséquilibre par défaut
de flexion compensatrice des membres inférieurs.
La dyschronométrie consiste en un retard dans l'initiation et la
cessation d'un mouvement. Elle est mise en évidence par l'épreuve
doigt-nez par exemple.
L'adiadococinésie : se caractérise par l'impossibilité
de réaliser rapidement des mouvements alternés. Elle est
mise en évidence par l'épreuve des marionnettes.
Le faux tremblement cérébelleux apparaît uniquement
lors de l'activité musculaire statique et cinétique et disparaît
au repos. Il est irrégulier à la fois dans sa fréquence
et dans son amplitude et se trouve plus marqué au début
et à la fin du mouvement.
- 3 - Troubles statiques
La station debout nécessite l'élargissement
du polygone de sustentation et s'accompagne d'oscillations irrégulières
dans toutes les directions. Elles ne sont pas influencées par l'occlusion
palpébrale mais sont exagérées par toute manoeuvre
impliquant un déséquilibre (épreuve de poussée).
Au niveau du cou de pied, on note des contractions anarchiques et incessantes
des tendons, notamment du jambier antérieur (danse des tendons).
Les oscillations du tronc peuvent s'observer en position assise au cours
de laquelle les bras tendent à s'écarter pour rechercher
un appui sur le plan du lit.
Séméiologie fonctionnelle
Les troubles élémentaires de la
coordination perturbent l'activité gestuelle quotidienne.
Troubles de la marche
La marche est irrégulière et rappelle
celle de l'homme ivre. Les membres inférieurs et les bras sont
écartés. Elle est dite festinante ou encore ébrieuse.
La mise en route est retardée et l'arrêt incertain.
Dans les atteintes unilatérales, la jambe est lancée trop
fort, trop haut et retombe bruyamment ; le malade dévie du côté
de la lésion (marche en zig-zag).
Dans les atteintes plus frustes, les troubles s'expriment par une instabilité
au demi-tour, une difficulté à l'arrêt sur commande,
au contournement des obstacles, à la descente d'escaliers ou encore
à la marche rapide et a fortiori, à la course.
Troubles de l'adaptation posturale
L'accroupissement, la position penchée en
avant, le passage du clinostatisme à la position assise, s'accompagnent
de mouvements parasites : élévation des membres inférieurs
dans ce dernier cas.
Maladresse des gestes volontaires
Les objets manipulés, en particulier s'ils
sont de petite dimension, sont lâchés, heurtés, renversés.
Se boutonner, boire, visser, introduire une clé dans une serrure
par exemple, sont des gestes particulièrement délicats.
Troubles de l'écriture
Les lettres sont anormalement hautes et surtout
très irrégulières, les jambages sont démesurés
et les traits dépassent les limites normales.
Troubles de la parole
La parole est mal articulée, saccadée,
explosive, changeante d'un mot à un autre. La dysarthrie cérébelleuse
ne s'observe qu'en cas de lésions bilatérales.
Séméiologie topographique
Il est classique, mais souvent assez difficile
dans la pratique, de distinguer plusieurs variétés de syndromes
cérébelleux en fonction du siège de l'atteinte du
cervelet ou des voies cérébelleuses.
Syndrome cérébelleux vermien ou médian
Il se caractérise par la prédominance
des troubles statiques, sur l'équilibration ou le maintien de la
station debout, la marche et par la prédominance nette des troubles
de la coordination au niveau du membre inférieur, alors que le
contrôle du membre supérieur est souvent normal. Ces troubles
sont bilatéraux mais souvent plus marqués du côté
de la lésion.
Syndrome cérébelleux latéral ou hémisphérique
Il se caractérise par une hypotonie importante
et surtout par la prédominance des troubles cinétiques.
Les troubles de la coordination touchent surtout le membre supérieur
homolatéral à la lésion. Il existe en outre une tendance
à la latéro-pulsion. L'équilibre est cependant assez
bien conservé.
Syndrome des pédoncules cérébelleux
Les atteintes des pédoncules cérébelleux
inférieurs donnent lieu à un tableau qui rappelle celui
des lésions vermiennes dont il se distingue simplement par son
caractère strictement unilatéral, observé du côté
de la lésion. Des signes d'atteinte bulbaire peuvent être
associés comme au cours du syndrome de Wallenberg par exemple.
Celles des pédoncules cérébelleux supérieurs
donnent lieu à une symptomatologie très voisine de celles
des lésions hémisphériques. Il s'y associe souvent
un tremblement intentionnel très marqué. Les signes cliniques
sont homolatéraux à la lésion sauf en cas d'atteinte
supérieure située au-dessus de la commissure de Wernekink.
Enfin, dans les atteintes du pédoncule cérébelleux
moyen, plus rares, les troubles cinétiques sont prédominants.
Syndrome flocculo-nodulaire
Il se caractérise par des troubles de l'équilibre
d'allure vestibulaire ; il ne s'observe guère que chez l'enfant
au cours des tumeurs implantées dans le nodulus (médullo-blastome).
Principales étiologies des ataxies cérébelleuses.
Aiguës
Ataxie aiguë virale
Hématome cérébelleux
Infarctus
Chronique Non dégénérative
tumeur de la fosse postérieure
malformation de la charnière cervico-occipitale avec ou sans anomalie
de Chiari
S.E.P.
Maladie systémique : lupus érythémateux disséminé,
sarcodose,
paranéoplasique
intoxication: alcool, diphénylhydantone
Chronique Dégénérative
Atrophie cérébelleuse
: olivo-ponto-cérébelleuse, dento-rubrique, corticale
Dégénérescence spino- cérébelleuses:
Friedreich, Pierre-Marie, Roussy-Levy