Année européenne des
personnes handicapées: la France veut un "électrochoc"
RENNES (AFP), le 03-02-2003
La France a lancé lundi à Rennes
l'Année européenne pour les personnes handicapées (AEPH)
avec l'espoir de se hisser au niveau des pays européens
les plus avancés dans ce domaine et de provoquer un
"électrochoc" dans la société.
"Je voudrais que l'on ne se demande plus combien les
personnes handicapées coûtent à la collectivité mais
combien elles peuvent lui rapporter", a fait valoir
Jean-Luc Simon, le président du comité national de
l'AEPH pour exprimer ce désir d'insertion sociale qui ne
ferait plus des personnes handicapées un "poids".
"L'année 2003 est une année de mobilisation"
pour la "pleine reconnaissance par la société des
droits, des besoins, des richesses des personnes handicapées",
a affirmé pour sa part le président Jacques Chirac dans
un message lu par la secrétaire d'Etat aux Personnes
handicapées, Marie-Thérèse Boisseau.
"L'insertion des personnes handicapées représente
une exigence civique", a ajouté le chef de l'Etat
dans son message aux participants du colloque organisé
sous forme de trois tables rondes: "grandir",
"travailler" et "vivre ensemble".
Cette rencontre a été l'occasion de pointer les lacunes
de la France dans son accompagnement - notamment en matière
d'éducation et d'accès au travail - des personnes
handicapées, pourtant "priorité nationale" du
quinquennat de Jacques Chirac.
"L'AEPH va nous aider à changer de regard, à
donner un sens à la non-discrimination", a espéré
Jean-François Mattei, ministre de la Santé. Au cours de
la journée les termes de "déclic", "changement
culturel", "changement de comportement" ou
"de regard" sont revenus à plusieurs reprises
pour synthétiser la pensée des participants.
Performante dans le domaine de l'accès aux transports,
la France accuse une carence criante par exemple dans
l'accompagnement des adultes à domicile ou la
scolarisation.
"En Allemagne, il y a les même bus à plancher bas
qu'en France mais, par rapport à la Suède, nous sommes
archaïques dans le domaine de l'aide des adultes qui
veulent rester chez eux", a affirmé M. Simon en
estimant que la France "n'a pas pour autant à avoir
honte de ses solutions technologiques".
L'exemple italien a été évoqué et particulièrement
loué pour la scolarisation "sur mesure"
qu'elle prodigue aux enfants handicapés.
Dans ce pays, un enfant handicapé suit le même parcours
scolaire que les autres depuis la crèche jusqu'à
l'université. "S'il n'y a pas d'école spécialisée,
une classe accueillant un enfant sourd va apprendre le
langage des sourds", a expliqué Ana Maria Comito,
chargée de l'organisation de l'AEPH en Italie.
Financièrement aussi, l'Italie fait figure de modèle
puisqu'une loi y reconnaît une conséquente "prime
de conciliation vie professionnelle/vie familiale"
pour les parents d'enfants handicapés qui bénéficient
également de jours de congés payés supplémentaires,
de facilités pour scolariser leurs enfants près de leur
lieu de travail et d'une aide à domicile de trois heures
par jour.
Conscient des carences françaises, M. Simon espère
cependant qu'à défaut de donner encore l'exemple, la
France soit le "leader de l'Europe pour les
initiatives" lors de cette année dédiée aux
personnes handicapées. |